Déploiement communautaire d’une nouvelle protection contre les moustiques vecteurs du paludisme au Burkina Faso
Contexte et problématique
Le Burkina Faso, classé au 184ème rang de l’Indice de Développement Humain en 2022 subit, ces dernières années, une crise sécuritaire majeure qui impacte l’économie du pays et la vie des populations, notamment l’accès aux services de santé. Les indicateurs de mortalité infantiles restent préoccupants, notamment en ce qui concerne le paludisme. Le Burkina Faso est l’un des pays où le taux d’incidence est le plus élevé d’Afrique de l’Ouest (386 pour 1.000 personnes à risques). Avec une victime pour 1.000 habitants en 2020, le Burkina Faso a connu l’un des taux de mortalité liée au paludisme les plus élevés au monde et dans la région Afrique (3% des décès totaux en Afrique soit plus de 16.000 par an). L’insécurité grandissante que connaît le pays depuis 2016 fragilise les systèmes sanitaires dans les zones rurales, alors que la prévalence du paludisme y est 4 fois plus importante qu’en milieu urbain.
Dans le même temps, la protection offerte par les moustiquaires imprégnées a diminué. Avec les différentes stratégies de lutte contre le paludisme, les études montrant que les moustiques ont modifié leur comportement et piquent désormais plus en soirée et en extérieur que par le passé. Les habitudes de piqûre des anophèles en extérieur, en début de soirée et le matin, combinées à la résistance aux insecticides, ont montré que la distribution massive de moustiquaires imprégnées d’insecticide seule finit par réduire l’efficacité de cette intervention. L’Organisation Mondiale de la Santé indique donc dans sa stratégie mondiale de lutte contre le paludisme que la combinaison de l’ensemble des outils de lutte disponibles sont nécessaires pour protéger les personnes lorsqu’elles se trouvent à l’extérieur des habitations.
Maïa Africa SAS, une entreprise sociale basée au Burkina Faso créée en 2018, offre une protection complémentaire aux familles d’Afrique sub-saharienne en s’appuyant sur leurs habitudes quotidiennes. Au Burkina Faso, comme dans beaucoup de pays sur le continent, 80% des enfants reçoivent une pommade pour hydrater leur peau le soir après leur douche. La société a développé avec le Centre National de Recherche et de Formation sur le Paludisme (CNRFP), la pommade MAÏA. Il s’agit de la première pommade hydratante, conçue avec et pour des mères de famille burkinabés, constituée de produits locaux et respectueux de l’environnement, offrant une protection de plus de 8 heures contre les moustiques vecteurs du paludisme. Le produit bénéficie d’un agrément UEMOA et deux articles scientifiques dans la revue Malaria Journal attestent de son efficacité. Depuis le démarrage de sa distribution, elle connaît un grand succès et est présente dans plus de 1.200 points de vente (boutiques, alimentations, pharmacies) à travers le pays, mais principalement en milieu urbain et semi-urbain. Bien que les ménages ruraux soient les plus touchées par le paludisme, y distribuer MAÏA représente un défi logistique.
Pour répondre à ce défi et augmenter son impact, Maïa Africa s’associe à deux partenaires, Healthy Entrepreneurs (HE) et Tanager pour permettre l’accès à cette pommade repulsive en zone rurale. Ces deux organisations offrent en parallèle à des leaders communautaires (ASBC et Vulgarisateur Volontaire Villageois) l’opportunité de devenir entrepreneurs. Ce projet vise ainsi, à long terme, à contribuer à la réduction de la mortalité liée au paludisme chez les enfants de moins de cinq ans tout en permettant aux communautés formées d’améliorer leurs ressources.
Il contribue aux cibles 3.2 « Eliminer les décès évitables de nouveau-nés et d’enfants de moins de 5 ans », et 3.3 « mettre fin à l’épidémie de sida, à la tuberculose, au paludisme […] », ainsi qu’au programme phare « Santé communautaire » du Plan Stratégique 2022-2024 de la DCI.
Bénéficiaires
Bénéficiaires directs : 257.514 dont :
- 514 entrepreneurs ruraux formés ;
- 51.400 ménages sensibilisés ;
- 205.600 enfants de moins de cinq ans bénéficiaint de la pommade antipaludique.
Bénéficiaires indirects : les Populations des zones ciblées – les Agents de santé communautaires via Healthy Entrepreneurs- l’Association des Vulgarisateurs Volontaires Villageois (VVV) via AVEAB - le Programme Natinal e Lutte contre le Paludisme (PNLP) – le Ministère de la santé burkinabe.
Objectif général du projet
Pérenniser l’usage d’une protection complémentaire et innovante contre les moustiques vecteurs du paludisme par les familles rurales du Burkina Faso.
Objectifs spécifiques
- Sensibiliser les ménages ruraux sur l’importance de se protéger des moustiques le soir avant de dormir sous moustiquaire ;
- Faire découvrir et tester MAÏA, une pommade anti-moustique longue durée ;
- Inciter ces familles à se procurer MAÏA pendant la période des pluies ;
- Pérenniser le modèle de distribution subventionnée en zone rurale.
Résultats attendus
- 51.400 ménages sensibilisés ;
- MAÏA testé auprès de 205.600 enfants en milieu rural ;
- 263.600 pots MAÏA vendus à moitié prix pendant les périodes des pluies de 2023 à 2025 ;
- Publication d’un article scientifique sur l’impact du projet.