Renforcement des compétences en santé mentale et support psychosocial et prise en charge de la santé mentale des bénéficiaires du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) au Niger
Contexte et problématique
Le Niger, Pays parmi les Moins Avancés (PMA) occupe la dernière place du classement de l’indice de développement humain (189ème sur 189 pays) en 2019. Situé dans une zone géographique sensible reliant le désert du Sahara avec le Sahel et l’Afrique de l’Ouest avec l’Afrique Centrale, le pays est un carrefour d’échanges migratoires entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne et sur la Route Centrale de la Méditerranée. Depuis la dégradation de la situation humanitaire et sécuritaire en Libye, le Niger est devenu un espace alternatif de protection, y compris pour les demandeurs d'asile et les réfugiés qui n’ont pas réussi à atteindre l’Europe. Les flux migratoires constituent un mouvement mixte comprenant des migrants économiques et des personnes en besoin de protection.
Depuis 2017, l’Opération HCR au Niger accueille des réfugiés parmi les plus vulnérables de 15 pays prioritaires de la Route Centrale de la Méditerranée (Cameroun, Tchad, Djibouti, Egypte, Erythrée, Éthiopie, Kenya, Libye, Mali, Mauritanie, Maroc, Niger, Soudan, Somalie et Tunisie) à travers l’Emergency Transit Mechanism (ETM), en étroite collaboration avec le Gouvernement du Niger, qui a accepté de mettre en place le programme sur son territoire, comme espace d’asile temporaire pour des personnes évacuées de situations périlleuses de Libye. La situation sécuritaire aux frontières du Niger avec le Mali, le Burkina Faso et le Nigeria contribué, au cours des dernières années, à favoriser l’arrivée de centaines de milliers de personnes fuyant la violence des groupes extrémistes dans leurs pays d’origine. A cela s’ajoute un nombre plus élevé de déplacés internes qui ont dû fuir leurs villages auprès des frontières pour trouver refuge à l’intérieur du pays, dans des zones plus sécurisées. Au 30 septembre 2021, le Niger comptait 580.838 bénéficiaires sous mandat du HCR, dont 249.765 réfugiés, 280.818 déplacés internes et 3.306 demandeurs d’asile.
A ce jour, 3.361 personnes ont été évacuées de la Libye au Niger à travers l’ETM, dont 3.014 ont été réinstallées dans des pays tiers (France, Suède, Allemagne, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Finlande, Suisse, Pays-Bas, Canada, Belgique). La majorité de ces personnes évacuées au Niger (68% d’hommes, 32% de femmes, 19% de mineurs) a subi des actes de violence et de torture au cours de leur parcours migratoire et souffre de traumatismes psychologiques parfois graves. Les vols d’évacuation continuent, et le programme ETM reste un pilier fondamental de la réponse de protection des réfugiés plus vulnérables dans la région. Le HCR continue à offrir également une protection aux réfugiés qui ont fui la Libye par voie terrestre pour arriver à Agadez. Au 31 août 2021, la sous-délégation du HCR à Agadez enregistrait la présence de 1.431 bénéficiaires, dont 55% avaient le statut de demandeur d’asile et 45% disposaient déjà d’un statut de réfugié au Niger ou ailleurs.
Dans le cadre de ce programme innovant, le HCR a mis en place une réponse de protection et d’accueil holistique par rapport aux besoins des bénéficiaires en situation de grande vulnérabilité, en incluant des activités de santé mentale et de soutien psychosocial pour assister leur arrivée dans un nouveau contexte et les aider à faire face à leur situation de manière positive. Le Gouvernement Princier de Monaco a soutenu les actions du HCR en matière de prise en charge de la santé mentale à Niamey et Agadez entre 2020 et 2021. Ce nouveau financement s’inscrit dans la continuité de cet appui, en étendant le projet à l’ensemble des zones d’intervention du HCR au Niger et en travaillant au renforcement des capacités des acteurs intervenant tout au long du parcours de soins (acteurs de santé, communautés hôtes, bénéficiaires) afin de s’assurer d’une prise en charge appropriée des bénéficiaires.
Le projet s’inscrit dans le cadre de l’accord de coopération entre le HCR et le Gouvernement Princier signé en 2010, dans le cadre de l’engagement de la Principauté de Monaco aux côtés des populations vulnérables ainsi que de ses adhésion au Pacte mondial sur les réfugiés (décembre 2018, New York) et au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (décembre 2018, Marrakech). L’appui du Gouvernement Princier au HCR se trouve d’autant plus renforcé qu’un second projet sera financé en 2022 mis en œuvre par le HCR et l’Institut Bioforce au Niger et au Sénégal en vue de permettre l’accès à des formations aux déplacés, demandeurs d’asile et réfugiés et accroître leur employabilité. Le projet est aligné sur l’article 3 de l’accord-cadre de coopération signé entre le Gouvernement Princier et la République du Niger le 27 mars 2019 faisant de la santé un axe prioritaire de coopération.
Bénéficiaires
Bénéficiaires directs :
- 2.500 personnes ayant besoin d’un soutien émotionnel individuel ou de groupes qui bénéficient d’une réponse appropriée et d’un suivi ;
- 4.500 personnes relevant de la compétence du HCR participant à des activités récréatives, créatives et sportives ;
- 500 agents de santé (300 femmes et 200 hommes) travaillant dans les zones d’intervention du HCR au Niger ;
- 100 agents de protection du HCR et des partenaires (50 femmes et 50 hommes), ayant des contacts réguliers et directs avec les bénéficiaires du HCR.
Bénéficiaires indirects : 100% (580.838) des bénéficiaires du HCR (demandeurs d’asile, réfugiés, déplacés internes) dans les zones d’intervention des équipes du HCR et de ses partenaires, y compris les agents de santé publique.
Objectif général du projet
Réduire la souffrance et améliorer la santé mentale et le bien-être psychosocial des bénéficiaires du HCR au Niger.
Objectifs spécifiques
- Améliorer la santé mentale et le niveau du bien être psychosocial des requérants d’asile et des réfugiés (ETM et Agadez) ;
- Renforcer les capacités des acteurs intervenant au cours du parcours de soins afin de pouvoir identifier les problèmes de santé mentale et de support psychosocial, intervenir et les gérer (dans toutes les régions du Niger).
Résultats attendus
- Les structures familiales, communautaires et sociales favorisent le bien-être et le développement de tous leurs membres ;
- Les personnes présentant des problèmes psychosociaux et de santé mentale reçoivent des soins appropriés.