Qualité de l’accueil en protection de l’enfance à Madagascar (QUAPEM 2)
Contexte et problématique
L’opérationnalisation de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) à Madagascar, en particulier pour les enfants accueillis en protection de remplacement ou étant susceptibles de l’être, rencontre encore de nombreux obstacles. Comme l’a conclu le Comité des Droits de l’Enfant à la suite de l’examen du dernier rapport du Gouvernement Malagasy sur les droits de l’enfant dans le pays « Beaucoup est fait, mais il reste encore d’énormes défis à relever pour que les droits des enfants Malagasy soient réalisés ».
A Madagascar, où les enfants et les jeunes de moins de 19 ans représentent 50,9% de la population totale, les violations des droits de l’enfant restent encore élevées. L’Index Kids Rights classe Madagascar au 149ème rang sur 182 pays en 2021. Par ailleurs, Madagascar fait partie des dix pays les moins bien classés en 2021 (177e) du classement de l’Indice de Privation de l’Enfance de Save the Children, établi pour 186 pays.
La prévalence de la pauvreté à Madagascar, a également des conséquences sur la réalité des droits pour les enfants bénéficiant d’une protection de remplacement ou étant susceptibles d’être placés.
Seuls 26,1% des enfants placés en centres bénéficient d’une décision judiciaire adéquate. La situation économique est en cause : il n’est pas rare que des parents, confrontés à des ressources limitées et à leur incapacité de subvenir aux besoins de leurs enfants, choisissent de les confier à un centre d’accueil. Il n’existe pas de centres publics, aussi, la prise en charge des enfants placés repose uniquement sur les quelques 150 centres gérés par des associations, mal dotés, et ne suivant pas les standards en matière de qualité d’accueil. Ces standards n’ont même jamais été publiés officiellement par l’Etat. Le référentiel qualité développé sur la base de ces normes et standards en l’adaptant au contexte local a été reconnu par l’Etat malagasy comme standard pour les centres.
Le projet QUAPEM a été lancé en 2019 avec le soutien de la DCI afin d’améliorer la qualité de l’accueil en protection de remplacement au sein de 31 centres d’accueil gérés par la société civile à Madagascar. Le projet, dans sa première phase, s’est concentré sur 4 régions du pays, 3 dans lesquelles SOS Villages d’Enfants Madagascar est implanté de longue date et dispose de solides liens avec les différents acteurs et la quatrième région sur demande du MPPSPF. Ce sont également des zones où les centres sont nombreux, permettant ainsi la mise en relation entre eux et l’amélioration globale de la qualité de leurs interventions.
Le travail engagé dans la phase 1 du projet et que le projet se propose de poursuivre ici, est une approche pilote. La deuxième phase du projet vise à poursuivre l’accompagnement des 30 centres auxquels s’ajouteront 10 centres supplémentaires et à renforcer l’écosystème de la protection de l’enfance dans son ensemble. En effet, ce n’est qu’à travers un effort global et une bonne coordination que les droits des enfants pourront être pleinement opérationnalisés dans les régions d’intervention. Dans cette optique, une approche pilote sera menée dans la Région de Vakinankaratra (Antsirabe) auprès de la Direction Régionale du MPPSPF et des juges pour enfants. Les fonds alloués par le MPPSPF à la protection de l’enfance étant dérisoires (0,05 % du budget de l’Etat) les actions de plaidoyer seront renforcées pour sensibiliser le Gouvernement malagasy sur cette question. La DCI soutiendra les OS1 et 3 du projet.
Bénéficiaires
Bénéficiaires directs : 3.500 enfants et 123 professionnels (90 des 30 premiers centres d’accueil et 30 professionnels de Vakinankaratra, 10 responsables de centres, 10 travailleurs sociaux et 10 intervenants sociaux).
Bénéficiaires indirects : Environ 1.000 familles (4.000 personnes) des enfants accueillis en protection de remplacement dans 80 centres d’accueil membres de la plateforme.
Objectif général
Contribuer à la concrétisation des droits des enfants de Madagascar accueillis en protection de l’enfance ou susceptibles de l’être, à leur développement et à leur épanouissement.
Objectifs spécifiques
- Accompagner les centres afin de professionnaliser les pratiques prenant en compte les besoins et l’application des droits des enfants de manière semi-autonome ;
- Renforcer le système de protection des enfants de la région Vakinankaratra pour qu’il fonctionne de manière coordonnée et efficace ;
- Assurer le plaidoyer pour que l’Etat malagasy dédie davantage de moyens pour la protection de remplacement.
Résultats attendus
- Au moins 4 Groupes Thématiques composés d’acteurs en protection de l’enfance sont constitués, regroupant les centres, et organisent l’identification des besoins de formations en réponse aux besoins d’au moins 3 500 enfants issus de 40 structures et des ressources pour y répondre ;
- Environ 500 enfants/jeunes issus de 10 nouvelles structures de la région Vakinankaratra bénéficient d’une prise en charge améliorée par le biais de renforcement de capacité en matière d’accueil des enfants en protection de remplacement ;
- Les centres d’accueil accompagnés mettent à jour et conduisent leurs plans de développement prenant en compte des besoins et l’application des droits des enfants de manière semi-autonome ;
- La région de Vakinankaratra dispose d’un plan d’action pour l’amélioration de son système de protection de l’enfance, et sa mise en œuvre est supervisée par un comité de pilotage ;
- Un système pilote de protection de l’enfant est mis en place dans la région de Vakinankaratra ;
- Les parties prenantes des systèmes régionaux (Directions régionales, Magistrats, Travailleurs sociaux, OSC) de protection des enfants sont renforcés pour offrir un panel de solutions pour une prise en charge de qualité adaptée au principe de l’intérêt supérieur des enfants ;
- Un état des lieux de la protection de remplacement à Madagascar est réalisé, et la professionnalisation du secteur est renforcée par l’appui de documents de référence ;
- Les enfants et les jeunes défendent l’application de leurs droits ;
- Les acteurs de la protection de l’enfance définissent des positions collectives et développent une stratégie de plaidoyer pour une amélioration du système de protection des enfants à Madagascar.